Oui, je m’y suis abonné au moment où j’ai été engagé, début octobre.
Fin octobre, André Rousselet, PDG de Canal Plus, nous a annoncé que les employés auraient une prime annuelle de 1 440 francs qui correspondrait à l’abonnement à Canal Plus. Libre à certains d’empocher la prime et de ne pas s’abonner. Moi, je suis abonné.
Ça n’a pas été si simple, mais ça n’a pas été non plus le passage de la Berezina.
Ces problèmes ont prouvé qu’il y avait un véritable engouement pour Canal Plus. Bien sûr, ce n’était pas très drôle pour les abonnés. Mais je crois que ce sont des défauts de jeunesse qui seront oubliés dans quelques mois. Pour répondre plus précisément à votre question, je pense, au contraire, qu’il va y avoir un appel, né de la frustration et des obstacles à franchir pour avoir Canal Plus.
Il faut partir du principe que c’est une folie douce de s’engager dans ce genre d’expérience. Finalement, la machine est lancée malgré quelques problèmes, et il nous reste à affiner les programmes. Je ne porterai pas de jugement global sur la chaîne, mais en ce qui concerne mon émission, je connais à peu près les différents points à améliorer. Je souhaite faire des sujets plus courts, des interviews plus «ramassées». En fait, il faut qu’il y ait un rythme soutenu et un ton cool.
Je ne suis jamais agressif dans ce cas-là. Je cherche simplement qu’une vérité sorte des gens que j’interviewe. Je ne pourrais jamais faire la promotion du dernier film, du dernier disque et du dernier spectacle de la personne qui est en face de moi. Je crois que les téléspectateurs ressentent très bien ce côté «renvoi d’ascenseur», show-business, et qu’ils ne l’apprécient pas beaucoup. Je ne suis ni un cireur de pompes ni un journaliste qui utilise le vitriol. Il faut quand même aimer les gens avec qui l’on parle et aimer les sujets que l’on traite.
Je ne suis pas parti du journal télévisé d’Antenne 2 par hasard. Tout ce qui ressemble à un contrôle de mon travail me fait hurler. Si j’ai dit oui à Canal Plus, c’est que je fais confiance aux gens qui dirigent la chaîne. Soyons francs, ce n’est pas une société totalement privée. C’est disons une société de droits privés, ce qui représente une première brèche dans le monopôle. C’est aussi une société qui ne fonctionne que par la loi du marché. Nous sommes condamnés à être bons si nous voulons avoir de plus en plus d’abonnés. Je trouve malgré tout dommage qu’une grève de TDF nous affecte comme les autres chaînes. Pour conclure, j’ai toujours été pour les chaînes privées, même avant 81, et je ne peux faire la fine bouche quand une chaîne nouvelle apparaît. J’espère qu’il .y en aura de nombreuses autres.
Il y a des gens qui, à un moment, sont obligés d’obéir aux ordres venus de haut. Cela correspond, hélas, au système étatique en vigueur en France. Pour mon cas, on ne peut pas dire que Lescure m’ait montré le chemin de la sortie. A un moment donné, je le me suis plus senti libre de mes mouvements et je suis parti. Pierre Lescure s’était conduit élégamment à l’époque, et c’est encore une certaine élégance que de venir me chercher un an plus tard. Il doit penser que je ne suis pas si mauvais que ça.
Il me semble que l’on fait du journalisme aussi bien dans l’audiovisuel que dans la presse écrite. Simplement,j’ai la possibilité à Canal Plus d’approfondir les choses, de voir les gens plus longtemps. Pour moi, il est très important de continuer à être un journaliste par tous les pores de la peau.
Ça représente un autre aspect de ma personnalité. C’est la meilleure façon pour moi de partir en vacances, de rêver ma vie. Je trouve que c’est très agréable de la rêver en public.
Ça a dû être une idée des patrons de Canal Plus. Apparemment, l’émission a l’air de séduire parce qu’elle est différente de ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Les enquêtes parcellaires qu’on a pour le moment sont très encourageantes.
Mon emploi du temps ne me permet pas de regarder beaucoup la télévision. En fait, Canal Plus me convient parce que la grille des programmes est bien étudiée et que je peux voir un film la nuit quand je rentre chez moi. Je n’utilise plus de magnétoscope, je n’ai pas le temps.
J’y allais déjà beaucoup avant. Pendant dix ans, j’ai fait des critiques de films dans un petit journal. Je vais tout voir, même si je préfère le cinéma d’auteur.
Je suis assez dur pour ce gouvernement comme pour ceux qui l’ont précédé. Ils ont tout fait pour retarder les échéances. Je n’ai jamais vraiment cru au câble, vu les choix qu’on a faits et le retard qu’on a pris. Le satellite me paraît plus envisageable à court terme. Tous les pays qui nous entourent, en dehors de l’Espagne, sont dix fois plus en avance que nous en matière d’audiovisuel. Le pouvoir a peur de la puissance de la télévision. Il ne veut pas la perdre en faisant disparaître le monopôle. Mais ça viendra progressivement.
J’écrirai sûrement un autre roman un jour. J’ai très envie également d’écrire un scénario pour le cinéma. Pour l’instant, je couve le bébé Canal Plus et ce n’est pas facile…